Avec ma deuxième table, je me suis retrouvé face au même problème : au bout de 4-5 ans de campagne, ils avaient des scores de Flamme tout à fait honorables (de jolis 5-6 sur les feuilles de persos), et nous nous étions rendus compte que les combats n'étaient clairement plus un enjeu...
D'une part, ça me semblait normal : ce sont des Inspirés, ils sont les héritiers des Muses, ils affrontent les hordes du Masque ; et à moins de jouer une campagne désespérée (et là, je réagis en tant que joueur : m'asseoir à une table où l'échec est certain est presque aussi désagréable qu'à une table où la réussite est acquise), je trouve légitime que les joueurs puissent profiter de la puissance de leur personnage.
D'autre part, autant le masquard de base n'est guère que de la chair à canon, autant dès qu'on avance, qu'on s'approche des les hautes sphères, les sbires du Masques ne sont d'après moi guère que des extensions de sa volonté : moins des acteurs que des metteurs en scène, insaisissables, inaccessibles. Dans la plupart des récits où un héros doit terrasser un monstre, la recherche de sa tanière, de ses points faible, la mise au point de la tactique occupe la majeure partie du récit, le combat est expédié (Un coup d'épée pour tuer le dragon de Siegfried, aucun producteur hollywoodien n'en voudrait dans un script...). Idem pour mes Masquards : il était infiniment plus difficile à ma Compagnie de les débusquer que de les tuer.
Et puis, le point le plus vicieux : en 5 ans de campagne, les personnages sont extrêmement puissants, certes, mais ils sont riches de bien d'autres choses : les projets pour lesquels ils se sont battus et qu'ils ont menés à bien, ce dans quoi ils se sont investis, amour ou rivalité... S'attaquer à ça a été beaucoup plus intéressant que de tenter de diminuer leurs points de vie.
_________________ "Life's but a walking shadow, a poor player, that struts and frets his hour upon the stage, and then is heard no more. It is a tale, told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing."
Shakespeare, Macbeth, acte V scène V
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