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Conte de Noël


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 Sujet du message: Conte de Noël
MessagePublié: 25 Déc 2009, 22:11 
Hors-ligne
Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
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Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
Parade existentielle
Pourquoi ces leurres addictifs, qui semblent gouverner les Mondes dans lesquels nous essayons tant bien que mal de prendre pied, courant contre nos chimères à jamais inatteignables ?
Estime de soi, paradoxale incompétence à se formaliser avec cette étrange image que nous nous renvoyons, qui nous entraine irrémédiablement dans la perte de nos ancrages, et nous offre un doute continuel dans lequel nous sombrons doucement, comme dans les fumées opiacées de nos déliquescences.
A fleur de peau, stigmates entêtants de nos désuétudes, on s’éloigne doucement de nos certitudes, les regards nous font mal, comme tisons ou braises ardentes, ils nous déstabilisent, et nous renvoient à notre solitude, nos peurs enfouies. Cet étrange balancier de l’introspection, mécanisme complexe et délétère qui n’attend que ça pour reprendre son long balancement, métronome qui rythme alors notre vie, et ourle nos regards incrédules, de larmes salées et pernicieuses.
Les rires se font rares, on s’attache à des semblants, souvent faux, qui murent nos itinéraires, d’une sorte de longue muraille, comme une impasse dans laquelle on s’engouffre, œillères conciliantes et pratiques, qui nous obligent à ne jamais relever la tête, nous ancrant dans nos sombres incertitudes, nouant les terribles rouages de la perte de nos moyens, et nous escortant sans faillir jusqu’aux limites de nos paradoxes.
Et là, comme toujours, la fin du chemin. Spectrales rives mortifères où se perdent nos illusions. Les larmes sont inutiles, broyés par le joug infaillible de nos errances, l’envie de faire ce dernier pas nous taraude, futile délivrance, funestes fragrances, qui nous lient à ce triste constat … l’abandon de nos ultimes défenses, prêts à mourir plutôt que de voir les choses autrement. Légions fidèles, tous ces mots qui nous ont accompagnés, sont là, prêts à participer à la curée. Ces abjects commentaires de ceux que nous aimions, qui nous martèlent encore, qui nous blessent et nous font perdre pied, ces ressentis terrifiants, qui nous mettent plus bas que terre, qui nous enlèvent nos moyens, instillés par ces lèvres jadis joyeuses, amoureuses, aimantes, maintenant perfides et fielleuses, toute pleines de venin.
Seule, face à cette adversité malsaine, puante, blessante, prête à franchir l’interdit de sens qu’est devenue ma vie, sous les coups de celui qui comptait tant pour moi, avec qui j’avais fait le choix de créer une famille, pour le meilleur et pour le pire, futilité des mots d’alors, réalité des maux d’aujourd’hui.
Comment s’en sortir ? Comment retrouver ces rires ? Comment rebrousser chemin, courir fuir, comment s’aimer à nouveau, se redécouvrir tel qu’on est, sans le filtre néfaste et putride de l’autre, comment refaire sa vie ? Où puiser les forces qui nous manquent ? Où chercher ce courage qui nous fait défaut, détruit pas mille humiliations dérisoires rigoureusement cadencées, distillées chaque jour par une vindicte larvée, incontrôlée et acerbe, qui nous brûle plus que tout, car elle vient de la personne que l’on croyait être celle qui nous aimait le plus ?
Personne n’a rien vu, le regard plein de larmes, je fais ce dernier pas. Pourtant je ne tombe pas. Deux bras solides, un baiser, un ami, en ce soir de Noël, une étoile veillait sur moi.
Tout à reconstruire, et dans les larmes de ma joie nouvelle, les murs se brisent enfin, m’ouvrant, à nouveau, ces drôles d’horizons, que ma tristesse larvée m’avait à jamais cachée.

Joyeux Noël à tous
Mille bises
Gaëlle

_________________
Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous


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 Sujet du message:
MessagePublié: 26 Déc 2009, 23:26 
Hors-ligne
Ambré
Ambré

Inscription: 05 Avr 2008, 11:24
Messages: 153
une prose puisant en apparence au dela des masques et qui ne reflète pourtant qu'un reflet de plus sur la bulle de savon qui nous tient lieu d'âme...

...voici de quoi à la fois confirmer et infirmer, inspirer et terrifier, loin de ta création en forme d'exutoire, un simple plagiat sans concession à forme de chanson


Ah ! Ah ! C’est le jour de l’an !

La voix claire de l’enfant et la voix cassé du vieillard entonnent la même ballade : la ballade des vœux et souhaits.

L’ouvrier à son patron, le débiteur à son créancier, le locataire à son propriétaire disent la ritournelle de la bonne et heureuse année. Le pauvre et la pauvresse s’en vont par les rues chanter la complainte de la longue vie.

Ah ! Ah ! C’est le jour de l’an !

Il faut que l’on rie ! Il faut que l’on se réjouisse. Que toutes les figures prennent un air de fête. Que toutes les lèvres laissent échapper les meilleurs souhaits. Que sur toutes les faces se dessine le rictus de la joie.

C’est le jour du mensonge officiel, de l’hypocrisie sociale, de la charité pharisienne. C’est le jour du vernis et du convenu.

Les faces s’illuminent et les maisons s’éclairent ! Et l’estomac est noir et la maison est vide. Tout est apparent, tout est façade, tout est leurre, tout est tromperie ! La main qui vous accueille est un rictus ou une grimace. Le souhait qui vous reçoit est un blasphème ou une moquerie.

Dans la curée âpre des appétits, c’est l’armistice, c’est la trêve. Dans l’âpre curée des batailles, c’est le jour de l’an.

On entend l’écho qui répète la voix du canon et qui redit le sifflet de l’usine. La mitrailleuse fume encore et encore ; la chaudière laisse échapper la vapeur. L’ambulance regorge de blessés et l’hôpital refuse des malades. L’obus a ouvert ce ventre et la machine à couper ce bras. Les crimes des mères, les pleurs des enfants font retentir à nos oreilles l’affreuse mélodie de la douleur, toujours la même.

Le drapeau blanc flotte : c’est l’armistice, c’est la trêve, pour une heure et pour un jour, les mains se tendent, les faces se sourient, les lèvres bégaient des mot d’amitié : ricanements d’hypocrisie et de mensonges.

Bonne vie à toi, propriétaire ? qui me jettera sur le pavé de la ville sans t’occuper du froid ou de l’averse…

Bonne vie à toi patron ? qui me diminua ces jours derniers, parce que faiblissait mon corps après la dure maladie que je contractai à ton service…

Bonne vie, bonne vie à tous ! boulangers, épiciers, débitants qui enserriez ma misère de vos péages honteux et qui teniez commerce de chacun de mes besoins, de chacun de mes désirs.

Et bonne vie et bonne santé à tous, mâles et femelles, lâchés à travers la civilisation : bonne année à toi, l’ouvrier honnête ? à toi, maquereau régulier ? à toi, catalogué du mariage ? à toi, inscrit aux livres de police ? à vous tous dont chacun des gestes, chacun des pas est un geste et un pas contre ma liberté, contre mon individualité ?

Ah ! Ah ! bonne vie et bonne santé ?

Vous voulez des vœux, en voilà : que crève le propriétaire qui détient la place où j’étend mes membres et qui me vend l’air que je respire ! Que crève le patron qui, de longues heures, fait passer la charrue de ses exigences sur le champ de mon corps.

Que crèvent ces loups âpres à la curée qui prélèvent la dîme sur mon coucher, mon repos, mes besoins, trompant mon esprit et empoisonnant mon corps !

Que crèvent les catalogués de tous sexes avec qui les désirs humains ne se satisfont que contre promesses, fidélités, argent ou platitudes !

Que crève l’officier qui commande le meurtre et le soldat qui lui obéit ; que crève le député qui fait la loi et l’électeur qui fait le député !

Que crève le riche qui s’accapare une si large part du butin social ! mais que crève surtout l’imbécile qui prépare sa pâtée.

Ah ! Ah ! C’est le jour de l’an !

Regardez autour de vous. Vous sentez plus vivant que jamais le mensonge social. Le plus simple d’entre vous devine partout l’hypocrisie gluante des rapports sociaux. Le faux apparaît à tout pas. Ce jour-là, c’est la répétition d tous les autres jours de l’an. La vie actuelle n’est faite que de mensonge et de leurre. Les hommes sont en perpétuelle bataille. Les pauvres se baladent du sourire de la concierge au rictus du bistrot et les riches de l’obséquiosité du laquais aux flatteries de la courtisane. Face glabres et masques de joie.

La caresse de la putain a comme équivalent le sourire de la femme mariée. Et la défense du maquereau est pareille à la protection de l’époux. Truquages et intérêts.

Pour que nous puissions chanter la vie, un jour, en toute vérité, il faut, disons-le bien hautement, laisser le convenu et faire un âpre souhait : que crève le vieux monde avec son hypocrisie, sa morale, ses préjugés qui empoisonnent l’air et empêchent de respirer. Que les hommes décident tout à coup de dire ce qu’ils pensent.

Faisons un jour de l’an où l’on ne se fera pas de vœux et de souhaits mensongers, mais où, au contraire, on videra sa pensée à la face de tous.

Ce jour-là, les hommes comprendront qu’il n’est véritablement pas possible de vivre dans une pareille atmosphère de lute et d’antagonismes.

Ils chercheront à vivre d’autre façon. Ils voudront connaître les idées, les choses et les hommes qui les empêchent de venir à plus de bonheur.

La propriété, la patrie, les dieux, l »honneur courront risque d’être jetés à l’égout avec ceux qui vivent de ces puanteurs. Et sera universel ce souhait qui semble si méchant et qui est pourtant rempli de douceur : que crève le vieux monde !

Les faces s’illuminent et les maisons s’éclairent ! Et l’estomac est noir et la maison est vide. Tout est apparent, tout est façade, tout est leurre, tout est tromperie ! La main qui vous accueille est un rictus ou une grimace. Le souhait qui vous reçoit est un blasphème ou une moquerie

Dans la curée âpre des appétits, c’est l’armistice, c’est la trêve. Dans l’âpre curée des batailles, c’est le jour de l’an.

On entend l’écho qui répète la voix du canon et qui redit le sifflet de l’usine. La mitrailleuse fume encore et encore ; la chaudière laisse échapper la vapeur. L’ambulance regorge de blessés et l’hôpital refuse des malades. L’obus a ouvert ce ventre et la machine à couper ce bras. Les crimes des mères, les pleurs des enfants font retentir à nos oreilles l’affreuse mélodie de la douleur, toujours la même.

Le drapeau blanc flotte : c’est l’armistice, c’est la trêve, pour une heure et pour un jour, les mains se tendent, les faces se sourient, les lèvres bégaient des mot d’amitié : ricanements d’hypocrisie et de mensonges.

Bonne vie à toi, propriétaire ? qui me jettera sur le pavé de la ville sans t’occuper du froid ou de l’averse…

Bonne vie à toi patron ? qui me diminua ces jours derniers, parce que faiblissait mon corps après la dure maladie que je contractai à ton service…

Bonne vie, bonne vie à tous ! boulangers, épiciers, débitants qui enserriez ma misère de vos péages honteux et qui teniez commerce de chacun de mes besoins, de chacun de mes désirs.

Et bonne vie et bonne santé à tous, mâles et femelles, lâchés à travers la civilisation : bonne année à toi, l’ouvrier honnête ? à toi, maquereau régulier ? à toi, catalogué du mariage ? à toi, inscrit aux livres de police ? à vous tous dont chacun des gestes, chacun des pas est un geste et un pas contre ma liberté, contre mon individualité ?

Ah ! Ah ! bonne vie et bonne santé ?

Vous voulez des vœux, en voilà : que crève le propriétaire qui détient la place où j’étend mes membres et qui me vend l’air que je respire !

Que crève le patron qui, de longues heures, fait passer la charrue de ses exigences sur le champ de mon corps.

Que crèvent ces loups âpres à la curée qui prélèvent la dîme sur mon coucher, mon repos, mes besoins, trompant mon esprit et empoisonnant mon corps !

Que crèvent les catalogués de tous sexes avec qui les désirs humains ne se satisfont que contre promesses, fidélités, argent ou platitudes !

Que crève l’officier qui commande le meurtre et le soldat qui lui obéit ; que crève le député qui fait la loi et l’électeur qui fait le député !

Que crève le riche qui s’accapare une si large part du butin social ! mais que crève surtout l’imbécile qui prépare sa pâtée.

Ah ! Ah ! C’est le jour de l’an !

Regardez autour de vous. Vous sentez plus vivant que jamais le mensonge social. Le plus simple d’entre vous devine partout l’hypocrisie gluante des rapports sociaux. Le faux apparaît à tout pas. Ce jour-là, c’est la répétition d tous les autres jours de l’an. La vie actuelle n’est faite que de mensonge et de leurre. Les hommes sont en perpétuelle bataille. Les pauvres se baladent du sourire de la concierge au rictus du bistrot et les riches de l’obséquiosité du laquais aux flatteries de la courtisane. Face glabres et masques de joie.

La caresse de la putain a comme équivalent le sourire de la femme mariée. Et la défense du maquereau est pareille à la protection de l’époux. Truquages et intérêts.

Pour que nous puissions chanter la vie, un jour, en toute vérité, il faut, disons-le bien hautement, laisser le convenu et faire un âpre souhait : que crève le vieux monde avec son hypocrisie, sa morale, ses préjugés qui empoisonnent l’air et empêchent de respirer. Que les hommes décident tout à coup de dire ce qu’ils pensent.

Faisons un jour de l’an où l’on ne se fera pas de vœux et de souhaits mensongers, mais où, au contraire, on videra sa pensée à la face de tous.

Ce jour-là, les hommes comprendront qu’il n’est véritablement pas possible de vivre dans une pareille atmosphère de lutte et d’antagonismes.

Ils chercheront à vivre d’autre façon. Ils voudront connaître les idées, les choses et les hommes qui les empêchent de venir à plus de bonheur.

La propriété, la patrie, les dieux, l’honneur courront risque d’être jetés à l’égout avec ceux qui vivent de ces puanteurs. Et sera universel ce souhait qui semble si méchant et qui est pourtant rempli de douceur : que crève le vieux monde !


Que crève le vieux monde par "Albert Libertad", 27 décembre 1906...

...mais ce pourrait être le pamphlet farfadet d'un poète princéen engagé, à l'automne 1470, n'est il pas? :roll:


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MessagePublié: 27 Déc 2009, 00:57 
Hors-ligne
Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
Messages: 75
Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
Ouah, c'est triste, comment peut on voir la vie de cette façon ?
Cela dit que d'ironie et de manigances, mises à jour dans ce pamphlet terrifiant.Espérons que d'autres avenirs plus heureux attendent les habitants de notre bel Harmonde ...
Mille bises
Gaëlle

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MessagePublié: 29 Déc 2009, 12:56 
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Saphirin
Saphirin

Inscription: 07 Jan 2006, 00:11
Messages: 43
Localisation: Autour de Paris
"Ouah, c'est triste, comment peut on voir la vie de cette façon ? "
... comment peut-on la voir différemment ?... :twisted: :(


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