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[EG only] Fées et âmes mêllées... Les fées noires ne meurent


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MessagePublié: 24 Avr 2008, 11:39 
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Safran
Safran
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Parfois il nous est donné de savoir des choses extraordinaires. Nous fées noires, il se pourrrait que nous soyions immortelles.
J'ai peine à le croire, mais maintenant que mon temps décroit comme ma vieille chandelle, je me demande si je ne pourrai pas me raccrocher à cette vieille légende.....

Cet extrait tenterait à dire que les fées noires ne meurent pas.
Après avoir accouchées de leurs dernières âme, elles se transformeraient en papillons, messagers des Flammes.
C'est sans doute là une histoire, une légende, mais parfois des légendes naissent les vérités.

[...]

Partant de fragments de notes, disséminées par ci par là, la Fée lentement confectionne soit un tissus, soit une lame. Elle ne vit plus que pour sa création, plus que par elle. Elle donne lentement corps à son inspiration, et, au bout de la transformation, elle offre une âme à cette chrysalide désorganisée. Alors le papillon naît, touché par la grâce. Il étire lentement ses ailes fripées, gluantes, s'extirpe de sa camisole par trop étroite, et les laisse se sécher au soleil.
A ce moment, il est peut être encore inconscient de la beauté qui le berce, de l'attrait qu'il exerce, inexorablement, sur les sens de celui à qui il est destiné.

Une main s'avance, excitée, tremblante. Il se blotti, dérisoire, contre l'infortuné filet qui le menace. Tout contre !

L'enfant s'en saisit. Soit d'une manière adroite, épargnant le pourpre de ses ailes, ainsi l'Inspiré se fond t il avec bonheur à la magnificence de la bête apeurée, l'un l'autre se trouvent, se fondent vivent l'un par l'autre, l'un pour l'autre ;
Soit d'une façon plus brutale, incongrue même, brisant par là même, le film protecteur des élytres, qui, soudain se fanent, inutiles. Alors la maladresse se fait vive, le charme est rompu, les délicates nuances de pourpres brouillent les mains malhabiles, laissant apparaître l'ébène de la fine texture, éparpillant l'éclat subtil des couleurs.

La main saisit la garde ouvragée, maladroite, et les âmes s'entrechoquent, laissant libres les instincts les plus vils, et le plus noir des deux jouteurs gagnera, indubitablement, fatalement.

La Fée ne peut que contempler, passive, cette rencontre, pleine de l'espoir insensé d'une union rapide, sereine et harmonieuse, mais l'enfant est là, trop pressé, maladroit, énervé,
Et sa main se referme souvent bien trop vite, lueur avide des prunelles, victoires faciles du Masque. Il veut dompter, maîtriser, alors qu'il lui aurait suffit de cueillir, d'accepter le don de l'alchimique nectar, rencontre d'un Don et de son ombre.

… / …


Iitac est là, perché sur ce bout de colline, laissant dans son dos les terribles attaques de la grande océane. Les mugissements des vents furieux hurlent dans ces plaines, lentes litanies, perfides mélopées. Sa tunique légère ondule sur ses flancs trop creux. Il est frêle, mais il sait que les Dames l'ont choisi.

Par delà la terre grise les chemins effacés, le sable qui s'élève, par saccades, sans contrôle, les rochers squelettiques griffent le paysage. Quelques oliviers millénaires bruissent, écho végétal aux alizés furieux.

Le soleil écrase cette terre aride, coincée entre ciel, sable et mer.
Les vents redoublent, quatre mesures, quatre souffles puissants, quatre entités mythiques forgeant le cœur des Âmes.
Un muret de pierres sèches, une large ogive estropiée, les restes d'un tympan déséquilibré, dont une corniche s'enlise lentement dans le sable mouvant. Le propylée désarticulé achève de mourir, et le sable s'entasse, les grains se figent se colmatent, construisent une drôle de tourelle, qui noie invariablement le vestige du temple.

Iitac s'approche, furtif. Un aigle effarouché lutte contre les quatre frères, quatre doigts, quatre directions, une aiguille qui s'affole, et l'oiseau qui se perd.

Par delà encore, une dune, ou une autre colline, dont le sommet crevé laisse deviner le castel. Le sinistre lac et ses eaux brunâtres.

Iitac descend en courant, dépasse le vieux mur, se retourne interdit, et escalade l'autre versant. Ses pieds nus glissent sur ces copeaux siliceux, il a le souffle court, mais il sait qu'il ne peut plus renoncer.

Arrivé sur la gueule béante, un long chemin de sable, circulaire en fait tout le tour. Dans ce cratère intemporel, les vestiges d'un grand palais minéral. Colonnes dorique, quelques abaques, les tambours disjoints, brisés souvent, trop souvent sans doute.
Tores scoties, plinthes dépassent de ce sable si chaud, qui brûle les pieds de l'enfant.

Sa structure est sobre, jadis belle sans doute. Il se terre, majestueux, dans ces entrailles de pierre, de rocs disjoints, de lave sèche. Quelques couleurs triomphent encore de l'obscure torpeur de jaune et d'ocre mêlés.
Protégé par ces remparts naturels, évasés, le vieux temple craquelé semble épargné par les souffles impétueux de ces restes de tempêtes, qui viennent mourir en ce sanctuaire, pour y renaître encore et encore.

Carrefour des mondes, des vies, immuable, ici siège la vasque des Âmes.

Il les observent : belles à couper le souffle. La première, évanescente dans une longue robe de tulle, aux nuances de bleu pâle, ses longs cheveux de jais assagis par une longue couronne de fleurs séchées depuis si longtemps, brasse, avec un rythme lent, une grosse poignée de corolles de lavandes et de thym. Son visage diaphane presque blanc ne respire que beauté et harmonie. Ses yeux aux prunelles d'un bleu sans nom, pareilles aux éclats des rides de l'onde, fixent, imperturbables, ce reste de cendres, qui débordent de l'autel.

Sa sœur semble plus jeune. Elle est vêtue de jaune, un subtil et savant assemblage de nuances où s'emmêlent les pailles des champs de sable keshites au plus fort de l'Été, et ce blanc doré caractérisant la fusion de ce métal si répandu au sein des Terres Veuves.
Son visage est aussi souverain que celui de sa sœur, altier par delà sa grâce naturelle, ses yeux d'or en fusion surveillent la sculpturale vasque d'onyx, gigantesque catafalque jouxtant l'autel. Sa chevelure ourlée des nuances des blés murs, virevolte, entraînée de force par ces restes de vents qui se meurent doucement dans l'enclave sacrée.

La plus belle d'entre toutes est sans nul doute la plus jeune des sœurs. Ses cheveux d'un roux limpide, ressemblent aux couleurs des chênais à la veille de l'hiver. Ébouriffés, vagabonds, rebelles, loin d'être sages, ils s'éparpillent comme animés par une danse enlevée, miroitant dans l'ocre du sépulcre.
Elle est entièrement nue, dépourvue de gênes, elle transcende littéralement les plus anodins de ses gestes, en une valse pure, en une farandole mutine et provocante.
Ses yeux semblent immenses, et recueillent en leurs précieux calices des myriades de nuances allant de la mauve au lys, en passant par les plus exquises roses. Sa peau cannelle semble irisée par une multitude de points de rousseur. Ses seins, dressés, gonflés de Lactance, incitent à l'enfantement. Son intime toison, aux fragrances épicées et capiteuses, aux nuances de roux, obnubile le satyre et l'honnête homme, et même le jeune Iitac, se surprend, à convoiter cette merveilleuse femme, songeant à plonger corps et âme dans les joies de l’interdit, prêt à enfreindre toutes les lois dans une union sacrée, sacrilège et concupiscente.

Oisive, elle semble effeuiller des roses, au rythme de ses inspirations, volage ou besogneuse. Quatre grands paniers débordent, à ses pieds, de pétales et de pistils de roses. Elle se lève, fait quelques pas de danse, va, vient et recommence, et Iitac ne peut détacher son regard de ce corps impudique, qui semble s'offrir à lui.
Le galbe parfait et haut de ses cuisses fuselées, l'attraction puissante de ses gestes, lents et pressés tout à la fois, cette odeur de luxure et de soufre qui se dégage de cette Sirène sublime, qui batifole ingénument dans ce vieil édifice, cette impudeur flagrante qui semble jurer avec les stèles et les larges voûtes brisées de ce vieux temple, antagonisme exacerbé, dualité perverse, païenne, impie.

Après un long moment, il parvint enfin à se concentrer sur la dernière des femmes.
Tout aussi belle que ses sœurs, elle était là, assise, modeste sur une petite conque. Ses cheveux d'un blanc immaculé, neigeux, étaient prisonniers d'une triste dentelle noire. Ses grands yeux se plissaient régulièrement, comme abîmés par les reflets solaires. Ils étaient verts, d'un vert sans feuille, un vert sépia, un vert pâle, éteints, tristes.
Son corps somptueux se tenait de guingois, incarcéré, malmené par un étroit fourreau noir sans fioritures.

Elle semblait solennelle, vestale oubliée, jetant comme quelques soupçons de morale et de régulation sur l'évidente insouciances des autres belles.
Ses longues mains tissaient doucement un châle tout étoilé de gris.
Parfois, un étrange conciliabule animait les femmes, alors pleine d'emphase, la plus âgée agitait ce long foulard bruissant.
Un papillon d'or sortait des mailles ajourées, d'abord malhabile, comme tétanisé par sa propre audace, il esquissait une danse chaotique, dépourvue de grâce, tournait au dessus du linceul, et s'élevait enfin, survolant ce voile, contrôlant ses ailes d'un nouvel élan, plus fort, plus sûr.

Iitac dû fermer les yeux lors de l'envol du lépidoptère tant il brillait de mille éclats.

Puis il voyait l'insecte, superbe thysanie de lumière, qui évoluait avec grâce au dessus de la vasque, s'y abreuvait, délicatement, et repartait, repu … confiant son vol assuré à l'un des quatre vents. Il disparaissait alors très vite, trop vite, feu follet d'un instant en quête de l'heureux élu, qui l'accueillera alors en son âme.

Alors, chacune d'entre elles reprenait son ouvrage, après l'avoir interrompu un instant, pour suivre, le plus longtemps possible, cette vanesse incandescente.

Iitac regarde le lac. Il attend, incertain. Il est seul depuis plusieurs jours déjà, perdu dans la contemplation des ondes immobiles cernées de verdure. Il n'a ni faim ni soif. Il vogue par delà les espaces. Son corps est là, son âme, elle, déploie ses ailes au dessus de l'îlot de sable.
Les vents sont favorables. Le soir tombe doucement. La lumière change, d'abord incertaine, par touches successives aux nuances de carmin, d'orange et de mauve. Quelques grenouilles se querellent bruyamment. Un éclair argenté bondit au dessus des flots calmes, happant la nymphe fragile.

Les arbres se tendent soudainement.
Un bruissement rapide, une ode à l'un des vents.
Le messager s'annonce.
Les atours, respectueux, se figent un instant dans ce reste de jour.

Iitac ouvre les yeux.

Les flots se troublent, son âme chavire, incrédule.
D'abord une lueur, aveuglante, engloutie.
Les contours qui se forment, lentement.
De l'ombre elle sort doucement.
Un papillon d'or se pose sur son épaule.

Iitac attend.

Le silence est oppressant.
Un pommeau qui s'échappe.
L'arme qui naît.
Accouchée par les flots agités.
Une main qui se tend.

Rencontre.

Le contact froid et humide du métal de la rapière.

Une longue goutte qui coule sur sa main.
Descend le long de son bras.
Arque sa course éphémère.
Trouve le chemin de son cœur.

Sang et eau qui se mêlent.

Encore une fois l'Alchimie opère.

Le papillon hésite un instant.
Il tourne au dessus de la main nue.
Elle tient une arme de mort.
Il hésite encore.

Iitac ouvre son âme.
Unisson étrange.
Les fluides se fondent.

Le papillon se pose.

Une aile sur la garde mouillée
L'autre sur la main fébrile.
Un dernier battement.

Il disparaît alors.

Happé par les amants.

La magie opère.

Iitac s'éveille, armé.

Il sent, confus, cette autre âme,
Là, en lui, qui le bouleverse.
Murmures, harmonies diffuses.
Elle lui parle d'honneur.
Elle lui parle d'Amour.

Il ne sert plus la garde.
La caressant plutôt.
Comme on prend une main.
Que l'on la guide à son cœur.
Il sourit, elle s'apaise.
Ils se sont trouvés.

Là bas sur l'île de la vasque, un papillon revient. Il tourne
à nouveau au dessus du vieux temple. Le tympan oublié retrouve un peu de son éclat.
Le vent du Nord dépose, délicat, son passager d'un instant.
Messager de fusions d'âmes, il s'anime, descend en spirale, se pose sur les fleurs de lavande. Butine son ivresse, par delà le cénacle.

Les femmes sourient, heureuses. Le cercle est immuable.

Quelque part une Fée, aidée de son savoir a mis au monde un papillon, qui par le sang des Grâces, a trouvé son Élu.
De cette lente sapience dispensée avec parcimonie, un Inspiré est naît à son tour, dépositaire d'une flamme, révélé parmi les Ternes. Il a scellé un pacte, dépositaire d'une seconde âme, qui l'aidera à vivre sa Flamme.

Ainsi le processus immuable s'est accompli, une nouvelle fois, dérogeant aux lois de l'invisible ennemi, un nouvel adversaire pour le Masque, qui sait, lui aussi, que, par delà les Abysses, il aura à combattre Iitac, jeune baron des Royaumes, nouvelle lueur dans les crépuscules.

Dans une dernière danse, la papillon se pose, il se fond dans le grand châle, heureux d'avoir accompli son illustre devoir.

Elle pose sa vieille main ridée contre la paroi froide de la citadelle.
Son corps est engourdi, son esprit vacille. Ses yeux ne voient plus.
Elle se tasse un peu plus, elle sait qu'elle n'accouchera jamais plus.
Elle a donné son pouvoir une dernière fois.
Ses yeux se voilent, triste tristesse.
Elle palpe son vieux châle. Il ne la réchauffe plus.

Au dehors la neige tombe, déposant son linceul immaculé sur les paysages familiers.
Elle sent couler ses larmes, la pierre la soutient encore un peu.
Pour combien de temps ?
Elle repense à ses nombreuses prouesses, ces âmes qui lui doivent tant.
Un frisson la terrasse.
La chandelle vacille.
Déjà elle ne voit plus la neige.
Le froid s'immisce au plus profond de ses chairs usées.
Elle tourne un regard dépourvu d'âme.
Elle pleure encore, lorsque son corps s'arrête de vivre.
Elle n'est déjà plus lorsqu'elle s'envole à son tour vers le sanctuaire.
Domptant ce blizzard glacial, elle s'élève encore une fois.

Ses vieilles ailes ne la supportent plus.
Elle suit son destin, elle sait qu'elle n'a œuvré que pour le Bien des Royaumes.
Le vent la dépose moqueur et cruel dans un antre de nuit baignée.
Il ne sait pas que, loin de là, par delà l'océan des songes, un papillon noir danse au dessus du temple.
Il décrit une série d'arabesques, et se pose doucement sur le châle.
La Femme le caresse, et lui écarte une maille, pour qu'il puisse à nouveau s'y abriter……

Iitac range sa rapière.
Il sait quel est son devoir.
La nuit est tombée.
Les oiseaux s'égosillent, heureux au dessus du lac.
La forêt bruisse autour des ondes.
Quelques mélopées étranges ajoutent un zeste de charme à cette nuit chaude.
Les grillons trépignent au creux des fleurs aux calices fermés.
La lune blanche ronde et opaque se baigne sur les ondes.

Personne ne fait attention à cet être qui se glisse sournoisement à la lisière.
Il est petit, adroit, discret. Il est habillé de noir, et parfois les lames, qu'il tient dans ses mains, renvoient un instant un peu de l'éclat de l'astre nocturne.

Iitac ne l'a pas vu.

Son destin se joue…..encore et toujours !

Le Masque sourit, perfide !

[...]

Mille bises

Gaëlle

_________________
Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous


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MessagePublié: 05 Mai 2008, 21:43 
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Inscription: 23 Août 2005, 16:59
Messages: 544
Localisation: Metz
A lecture de l'intro, je dis j'aime bien l'idée !! Faudra que je pense à lire la suite quand j'aurais plus de temps, là c'est retour de vacances.

Simplement une réflexion à brûle pourpoint : les papillons sont affiliés à l'Automne et les ailes des fées noires sont en cuir...


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