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Le Val des Ténèbres IX


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 Sujet du message: Le Val des Ténèbres IX
MessagePublié: 25 Avr 2008, 00:35 
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Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
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Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
[suite]

- Allez avance mon bel ami, il faut que nous arrivions auprès de mes louves, je t’en prie, calme toi, cela ne sert à rien d’être ainsi effrayé… Mais, qu’as tu donc ?
Le cheval de Jehan roulait ses yeux à toute vitesse, essayant de voir tout autour de lui. Brusquement il arriva à se dégager de la main gantée de son maître, le gantelet raidi par le givre était extrêmement difficile à bouger.
Puis, comprenant qu’il était libre, il se cabra en hennissant, bondissant en arrière.
Fébor, tout doux, Fébor, revient, soit gentil…
Le rire qui roula derrière lui le glaça. Il se retourna d’un bond, son épée, gelée dans le fourreau, ne sortit pas d’un pouce alors qu’il essayait vainement de la tirer.
Le chemin creux serpentait dans une brume tenace et froide. Langues vipérines qui léchaient les ramures squelettiques des arbres et des racines, qui ressortaient à flanc de talus, au milieu des étranges dents de glace, qui semblaient former comme une mâchoire géante.
Il s’adossa au talus, mais il n’avait encore rien vu. Juste ce rire inhumain qui se répercutait avec violence dans les labyrinthiques excroissances de la grande forêt.
- Ton heure est enfin venue Jehan de Montfroide. L’Harmonde se portera bien mieux sans toi. HA HA HA HA HA ….
Soudain, comme sortant de la brume, un être aux yeux de braise se retrouva devant lui. Il était grand, maigre, comme s’il n’était composé que de fines gouttelettes, et arborait un sourire carnassier, d’où jaillissaient de longues dents fines comme des sabres, et totalement transparentes. Seuls ses yeux, d’un rouge incandescent, semblaient abhorrer sa cible en la fixant constamment.
- Qui, qui es tu, et comment sais tu mon nom ?
- HA HA HA, impertinent petit homme, je suis fils des abysses, et je vais t’envoyer rejoindre, ceux que tu n’aurais jamais dû quitter !
Il fit un geste vif avec son bras, le déplaçant de haut en bas, comme s’il avait une rapière. Jehan aperçut le mouvement comme au ralenti, il pensa qu’il s’agissait de milliers de gouttelettes, qui semblaient se mouvoir en rang serré, se réorganisant au fur et à mesure afin de continuer à dessiner le bras démonique.
Il fut alors frappé par une multitude de dards aiguisés, qui venaient se ficher dans sa peau, dès qu’elle n’était pas protégée par un morceau d’armure.
La douleur était insupportable. Il sentit le sang couler le long de ses joues. Il hurla, et se saisit de son fouet, qu’il fit claquer devant lui, en direction de l’être fantomatique.
- HA HA HA, petit homme, tu me fais rire avec tes petits jouets…
D’un geste il immobilisa la lanière de cuir, qu’il gela instantanément, la rendant d’une dureté limpide. Puis refermant la main, il la fit tomber en minuscules particules de givre.
Regarde Jehan, le froid est mon allié. Ta carapace est ma meilleure arme. Joignant le geste à la parole, il lança un cri strident. Les dents de glace qui pendaient le long du chemin se brisèrent instantanément, projetant des milliers d’éclats, le cheval, comme fou, galopa dans la direction d’où ils étaient arrivés.
Puis peu à peu l’armure de Jehan sembla s’illuminer d’un bleu arctique, elle se craquelait en une multitude d’impacts, qui formaient comme des toiles d’araignées, serpentant le long du métal. Plus elle bleuissait, plus elle devenait froide, et Jehan comprit qu’il allait mourir gelé, dans l’acier de son caparaçon.
Déjà ses bras ne répondaient plus, il tomba lourdement sur le sol, anesthésié par la brûlure du froid, regardant l’ombre de verre se rapprocher de lui avec un sourire satisfait.
- Ridicule petit humain, j’ai été fort bien payé pour venir exterminer une si petite vermine….
Nous n’en dirons rien à mon conjurateur n’est ce pas ? HA HA HA HA…
Il leva son bras de pluie, qui luisait maintenant d’une pâle lueur bleue. Soudain celui ci sembla se transformer en une lame redoutable, une faux qui avait l’air tranchante et affûtée comme une terrible sentence.
Fermant les yeux, Jehan se surprit à sentir un calme l’envahir, alors qu’il adressait une prière muette à celle qu’il aimait par dessus tout.
Ysane, je t’aime….Prends soin de toi ma douce…



- Chut Dame Ysane, ne faites plus de bruit…Il y a des cavaliers.
En contrebas de l’issue du tunnel, Une trentaine de piétons fouillait chaque once de terre et de hallier, afin de découvrir les traces des fugitives. Derrière eux, quelques hommes, armés de pied en cape, chevauchaient doucement, arcs bandés, prêts à être les premiers à s’attirer les faveurs du terrible Hugorne.
- Là, Là il y a deux personnes hurla quelqu’un.
La brume épaisse semblait ouater l’ensemble des vallons, d’une sorte de linceul diaphane.
Ysane serra le bras de la chambrière. Celle ci ne disait rien, elle semblait épier ce qui se passait à quelques lieues de l’endroit où elles se terraient.
Les cavaliers débusqués lancèrent leurs chevaux au grand galop. Les soldats les plus près se firent piétiner, alors qu’ils n’avaient pas encore eu le temps de réagir.
- Arrêtez les, arrêtez les, c’est un ordre !
Une volée de flèches fusa vers les fuyards. L’un d’elle se ficha dans le dos d’un des cavaliers, mais il résista et resta en scelle. Leurs montures, magnifiques, déployaient leurs corps sveltes avec une dextérité magique, semblant flotter au dessus des vals, glissant sur la neige, comme aériens. Leurs crinières volaient dans la bise, éclairées par la lune, pareils à des fils de soie d’or.
Les cavaliers d’Hugorne lancèrent à leur tour leurs montures à la poursuite de ces hommes, mais ils n’avaient pas la même prestance, et, lourdement armés, caparaçonnés pour la plupart, ils se firent bien vite distancer.
- Tuez les, il ne faut pas qu’ils s’échappent, eurent elles encore le temps d’entendre, alors que la jeune servante profitant de la pagaille, entraînait Ysane par un maigre sentier, qui plongeait vers un vieil étang bordé de vieux saules….
Au loin, les chiens de meute, arrivaient, lancés sur la piste des fuyardes. Leurs aboiements féroces se répercutaient avec fracas entre les sous bois sombres et glacés.




Sur le qui-vive les louves semblaient hésiter. Les sentes se ressemblaient toutes et le froid nocturne engourdissait chaque ramille, l’enfermant avec véhémence dans une gangue de gel qui scintillait à la lune.
Quelque chose n’allait pas. Interdites, les sœurs se regardèrent. Au loin devant elles, le hennissement de Fébor déchira les bois endormis. D’un bond elles se jetèrent d’instinct vers cette longue et morne plainte, ondulant avec aisance dans les halliers serrés qui bordaient le sentier, sur lequel elles ne voulaient pas courir.
Une bise glacée soufflait de plus en plus fort, leur ébouriffant les poils, et y accrochant une multitude de paillettes qui jouaient sous les reflets lunaires.
Baissant les oreilles, museaux en avant, elles avançaient de plus en plus vite, glissant dans la nuit sans le moindre bruit.




Soudain, alors qu’elles débouchaient d’un talus de neige, elles virent en contrebas, sur le chemin, un maelström d’énergie noire, qui semblait vaciller avec constance en un point précis. Les ondes sombres vomissaient des tourbillons de nuées opaques, qui semblaient se désintégrer au contact de la bise glacée. Autour de ce vortex, le froid était si intense, qu’il glaçait instantanément les troncs alentour, en longues langues de givre, qui redescendaient aussi vite qu’elles étaient apparues, comme les traces visibles d’une respiration saccadée. Au dessus du phénomène, les branches se tordaient avec fracas, et entraient dans une danse frénétique, secouant la neige qui les recouvrait, et cassant les stalactites, qui venaient s’écraser au sol, comme des lames aiguisées, dans un bruit de verre brisé.
Il leur était désormais impossible d’avancer. Les vents changeants soulevaient de vrais murs de neige et de glace, créant une muraille froide et acérée autour de la zone. Au milieu des craquements sinistres, d’énormes branches tombaient soudain, obstruant encore d’avantage les sentes déjà peu praticables.
Pourtant, à quelques pas, elles avaient senti la présence de Jehan…


Le choc est terrible. Les pierres semblent se fendre d’un seul coup, Sévénole et Miscellia s’agrippent à la toge blanche du vieil homme, qui se retourne à son tour, saisi d’effroi. Le sol se lézarde, balafré par de grandes diaclases qui semblent ne jamais vouloir s’arrêter. Les dalles ancestrales se trouvent retournées comme simples fétus de paille, en un endroit précis, au centre exact de la pièce dans laquelle ils se trouvent.

- Le temps presse, les légions mortifères s’impatientent, l’un des leurs est déjà à l’œuvre. Combien de temps résistera encore le verrou de Crânaterre ? Jehan ne sait pas encore tout.
Saura t’il seulement puiser la force dans sa flamme ?

Là où les pierres avaient été littéralement soufflées, il y avait maintenant une sorte d’excavation, parfaitement ronde, d’où s’échappait une fumée âcre et rouge.
S’approchant avec prudence, les deux lutins observèrent, médusés, comme un œil de lave palpitante, qui s’était formé au fond de la cavité.

S’approchant à son tour, le vieux mentor agita son bâton de pouvoir en direction du trou. La gemme se mit à devenir incandescente, alors qu’une aura scintillante semblait former un dôme au dessus du pertuis.
Des danseurs cristallins s’organisaient en ronde et crépitaient de mille éclats mauves. Ils semblaient tisser une gangue de cristal, qui formait le couvercle hémisphérique et salvateur.
Dans une maîtrise absolue, le vieil homme referma son poing, et la magie disparue comme par enchantement, alors qu’il ne restait qu la protection transparente, au dessus de l’œil de lave.

-Ainsi la prophétie des Dames est vraie murmura t il à l’égard de ses deux compagnons encore apeurés. « Alors que cédera le verrou de la tour de Crânaterre, les légions squelettiques envahiront l’Harmonde. De partout convergeront ces armées damnées, marquées par le sceau du Masque, et les Hauts Diables assouviront leurs ires sur la surface vouée, dès lors, à la destruction. L’Harmonde sombrera dans la nuit, et le temps des ultimes merveilles s’anéantira dans le chaos … Seule une gemme à douze faces réveillera les Muses, dès lors qu’un preux inconscient saura trouver la dernière Dame au cœur des dunes keshites …et déjouera une dernière fois le destin des mille mondes ».


Hugorne sourit. Jamais il n’a été si près de remplir sa mission. Aujourd’hui, il sait…

[To be continued ....]

Mille bises

Gaëlle

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MessagePublié: 25 Avr 2008, 10:08 
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Auteur SJ
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Inscription: 16 Juin 2005, 18:19
Messages: 547
ralala, ca me manquait !! :D
merci Dame Fae !!

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