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Pavillon noir


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 Sujet du message: Pavillon noir
MessagePublié: 25 Avr 2008, 23:12 
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Safran
Safran
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Inscription: 17 Sep 2007, 06:50
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Localisation: Entre Vercors et Brocéliande
La chaleur qui joue avec la moiteur capiteuse de cette chambre toute pleine des fragrances de nos joutes allongées, et les pales en bois, du grand ventilateur au plafond, qui brassent les voluptueuses volutes de nos amours anciennes.
La lumière crue que filtrent les persiennes disjointes, et ces hordes de poussières qui s’alignent au diapason de ces rais étrangers.
Je regarde ce grand drap défait, qui ondule sous les souffles capricieux de cette drôle d’hélice, et je me souviens de ton corps allongé, nu, sublimé par les lueurs tamisées de ces chandelles trop rares, qui n’éclairaient que l’esquisse de tes secrets ambrés, laissant à mon âme en pâmoison, le soin d’imaginer les insondables courbes de tes ailleurs exquis.
Tes yeux, fermés à demi, qui me regardaient, dans les reflets fauves de tes iris d’agate. Ton nez parfait, comme arraché à l’œuvre d’un sculpteur romain. Ta bouche soyeuse, souriante, comme deux pans charnus qui découvraient parfois tes dents d’une blancheur absolue. Ton cou gracieux, qui filait vers tes épaules d’athlète, pareilles à celles d’un gladiateur grec. Tout en toi n’était que sécurité, quiétude, tranquillité, et ton torse bombé laissait deviner une bande duveteuse qui partait de ton nombril et remontait jusqu’à tes pectoraux saillants.

Mes doigts aimaient à se perdre dans cette douce toison, trésor de Jason.

Ton rire qui résonnait parfois dans les limbes opiacés de mes extases charnelles, et j’aimais me sentir entre tes bras, protégée du monde entier, éperdue, à la recherche de mon graal lointain, que tu savais m’offrir d’un puissant coup de rein.

Ta nature généreuse, hissait haut ta voile gonflée sur le mat de nos galions précieux, qui parcouraient les rives incertaines de cette étrange osmose, qui semble parfois accorder du crédit à ceux qui se perdent, par delà les regards de leurs amours perdues.

Vide de tout, pleine de toi, je n’avais qu’à suivre les ondulations de cette mer déchaînée qui m’entraînait, avec une terrible puissance, vers les brisants des trompes de ces phalaropes esseulés, qui arpentaient encore les ciels des deux pôles.

Nos corps s’épousaient, dans un souffle haletant, larguant nos amarres trop sages, nous hissions les grands-voiles et prenions le large, par delà les caps éphémères des bonnes résolutions.
Infatigable marin, tu drossais toujours d’avantage mes chairs émerveillées contre les solides écueils de ta vergue d’albâtre, et je me perdais dans les étoiles de tes constellations, à la recherche d’une route sûre vers les confins de mes bruissantes jouissances.
J’essayais, à mon corps défendant, de prendre la barre, mais chaque fois tu savais faire dévier mes râles extatiques vers une Ys mystérieuse, et je sentais monter les torrents impétueux du courroux de quelques Dieux, alors que j’inondais le puit capiteux de mes chairs intimes.

Alors que déferlaient les ondes telluriques de ces houles déchaînées, je m’abandonnais, conquise, éprise, et tu savais maîtriser les vents, afin que ne s’affale pas trop vite ta voile, encore toute pleine du souffle de notre Amour.

Les yeux révulsés, je regardais les embruns qui recouvraient mon corps, comme autant de langues iodées, au goût étrange des larmes de fond.

Bien bel amant, initié par les Dieux des mille falsafas, tu étais doux, précieux, rare, exquis, merveilleux apollon que tant d’autres convoitaient, aimant, libre et tendre.
Tes mains savaient faire vibrer mes chairs, et tu riais en voyant ma peau se tendre soudain sous tes caresses douces et profondes.
Tes doigts alertes aimaient à se perdre dans les replis charnus de mes mille mystères, alors que je perdais tout contrôle, et que mon corps tout entier se cambrait sous les frôlements de tes errances exquises.
Chaque once de ma peau s’enflammait au contact de ta langue mutine, qui aimait taquiner mes calices secrets.

Et ces larmes d’amour, qui brouillaient ma vue, t’enfermant dans un entêtant linceul de brume et de sens, comme un songe sublimé par les éclats lunaires.

J’aimais tant quant ta bouche venait épouser la mienne, et que nos lèvres sèches échangeaient leurs secrets, dans une langue rare, que nous seuls comprenions.

Après un long voyage, la mer se calmait, et j’entrouvrais les yeux sur des contrées familières.
Au loin se dessinait déjà les escarpes de nos habitudes, et tu me serrais fort, et nous restions là, las, unis au delà de nous mêmes.

Puis, parfois, une bourrasque nous jetait sur les planches de teck disjointes et nous roulions l’un sur l’autre en riant, rassemblant nos lèvres pressées afin de nous lancer dans un nouvel exil, domptant les mers démontées de nos amours infinies.

Je suis seule, je t’attends encore, toujours, parfois, comme ces fleurs jaunes qui embaument la dunette de nos émois.

Nue, offerte, je n’ai besoin que de toi, et lorsque la porte s’ouvre doucement, et que je vois ton regard souriant, je sais que s’annoncent à nouveau les bourrasques indomptées des vents furieux de nos mers agitées, et nos regards fusionnent prêts à sombrer corps et âmes dans ce nouveau bain de jouvence.

Et je sens déjà les tourbillons impétueux de nos prochains voyages.
Tu es mon capitaine et je suis ton otage !
Il n’est que temps de faire naufrage !
Au delà du bastingage.

Je t’aime tant !

Mille bises

Gaëlle

_________________
Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous


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