Terres de nos mille songes
Elle t’appelle, capte tes sens et t’ensorcelle
Belle, au delà d’elle, elle accapare tes songes
Tu cherches les mille arcanes de cette infidèle
Te perdant dans les méandres de ses mensonges
Luisante, irréelle, ronde, sublime et dévoyée
Elle hurle à ta mort l’essence de tes sens
Trempant sa plume dans l’encre irisée
De ton cœur palpitant, s’abreuvant de ton sang !
Baiser mortel, tu t’es donnée à elle
Te voilà déchue, ange mortifère
Déjà elle tisse le linceul et cisèle
L’orbe impie de tes dernières prières
Regarde les larmes amères de ceux qui te choyaient
Elle rit, de t’avoir ainsi bafouée, t’entraînant avec elle
Sur les rives de l’autre monde, là où, enchaînée à jamais,
Tu subiras les ires des sombres royaumes éternels.
Amie, cours, cours, il ne faut pas qu’elle te rejoigne
Déjà au delà de toi, elle semble jeter sa robe de brumes
Cherchant à se saisir de ton âme déroutée. Toute pleine de hargne
Elle s’accroche déjà à tes peurs, à tes doutes qu’elle exhume !
Personne pour te voir, personne pour t’aider, sous ce ciel d’acier.
Pourtant, par delà les confins de nos mille imaginaires, se dresse
L’ultime chevalier, qui pourfend encore les turpitudes insensées
De cette vile et sombre faucheuse, de cette terrifiante maîtresse
Paladin au grand cœur, il observe, prompt à se saisir de sa grande lance
Déjà son fier destrier galope dans les étoiles, et son écu altier est dressé
Il fond dans des gerbes de lune, paré à combattre ta propre déchéance
Et dans les mille étincelles de ton épitaphe malhabile, il y plante son épée.
Amie, encore une fois il a su te sauver, terrassant le poison trop rond
De ses langoureux appels. Elle qui ne te quitte jamais des yeux
Veillant nuit et jour à ce que tu trouves enfin le chemin, de son
Effroyable ponton qui s’abîme à jamais dans ses abysses soyeux.
Par delà les chemins escarpés des mille brumes
Il existe un ailleurs, pareil à un clair de lune
Terres des fées et des Korrigans, d’où tu exhumes
Les perles merveilleuses de ces dernières dunes.
Arrête toi un instant, ralenti, freine ta course incessante.
Écarte les hautes fougères de ces belles terres de bruyères
Admire, interdite, la beauté sacrée des dernières sentes
Qui mènent encore ton âme éperdue, vers les vérités d’hier.
Au sein des arcanes interdites de nos mancies expertes
Par delà la terre et le soleil, il existe le portail des morts
Que gardent les vieux druides, sous les frondaisons vertes
Des chênes séculaires, de la plus grande forêt d’Armor.
Suis les traces empourprées des petites fées, jusqu’aux rives
Du grand lac, et attends que tombe la rosée, pour voir le chemin
Marche sur les nénuphars engourdis, garde toi de la dérive
Et pose enfin le pied sur l’île des secrets, où demeure Merlin !
Mille bises
Gaëlle
_________________ Le rêve est la raison d'un seul
La réalité est la folie de tous
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