Dans l'arrière-cour de la Taberge, un bric-à-brac invraisemblable ! Pêle-mêle, s'entrevêchent des costumes et accessoires de théâtre. Ce n'est pas le soir d'une représentation, non, sinon tout serait rangé, en coulisses de la scène qui s'élève, les chaises seraient installées. Mesaper n'est pas qu'un Farfadet sans chapeau, et il est selon les contrées, plus connus pour ses pièces de théâtre que pour ses tableaux prodigieux.
Mais ce soir, c'est un autre projet que le bougre a en tête. Sur un établi, on peut voir quelques morceaux de bois. Pas des moindres ! Il les a récupérées sur le Monarque des Jonquilles, et essaye, maladroitement de les former en une sorte de cube. Après s'être planté plusieurs fois des clous dans les doigts, il arrive cependant à former une sorte de coffre. Qu'il peint.
[A écouter en même temps:
https://www.youtube.com/watch?v=petATpaki9g ]
Sur la face avant, des étoiles, car au début, il y avait les étoiles. Quatre femmes sont représentées, une à chaque coin, sans visage, masquées. Chacune d'entre elles pointent le centre de la face avant : deux masques, l'un souriant et l'autre triste.
Les cotés sont également travaillés : sur une face, pigmentée de blanc, un paysage froid et neigeux, un arbre presque mort, dégarni. Sur l'autre, le même paysage, florissant, et l'arbre reprend vie : quelques feuilles poussent, il bourgeonne. Sur la dernière, l'arbre est plein de fruits. Le soleil éclaire la façade -- il faut faire attention à la manière dont on positionne l'instrument, on pourrait aveugler le public !
Les tubes qui sortent du haut de la boîte ont été façonnés par un ami. Ils cachent le coté supérieur, que personne ne saurait voir sans Effroi. L'arbre se meurt. La vie s'éteint, tout doit mourir et tout n'est que flétrissure dans ce tableau. Invisible.
Sur le coté, une fente pour pousser du papier. C'est un scolaire Liturge qui a confectionné ce papier. son portrait inachevé n'est pas exposé dans la Taberge - trop risqué !
Mesaper prend le rouleau de papier et sort de sa veste un petit coffre, contenant plusieurs fioles, de différentes couleurs. En ouvrant la plus sombre, il tremble, parcouru par un frisson dans l'échine de son dos.
Mais sa main ne tremble pas lorsqu'il trace sur le papier des points, des lignes. L'Encre perce le papier. La partition est prête à être jouée.
"Puisque je ne sais jouer de la musique de ma Flamme, je construirai de tous les Arts ce qui accompagnera ma prochaine pièce", rit-il.
Quelque part, un Autre rit également.
La manivelle commence à tourner. Les sons s'élèvent.
[Question à toute EG: que se passe-t-il ?]